Trois clubs réunissent une armada d'une quarantaine de voiliers sur un même fleuve
On va vous le dire, suivez nous !
En ce dimanche de fête des Pères, à défaut de voir le mien, c’est au Yacht Club du Pecq que je me rends. Nouvelle, première fois pour moi et elle sera intense. En effet, je vais découvrir le Cercle de Voile des Boucles de la Seine et le club des Sports Nautiques de La Frette. Et ils ne sont pas trop de trois organisateurs pour mettre en place ce qui n’est ni plus, ni moins, qu’un très long raid. Le point de départ est au Pecq et la flotte, que dis-je, l’armada, doit rallier La Frette par le CVBS. Rien que ça ! Les autorités (le Pecq) annoncent dix kilomètres de parcours. Les syndicats (mon pilote de sécue) plutôt six ou sept kilomètres. Tout le monde ne semble pas accorder ses violons. Néanmoins, avec à peine, trois nœuds pour le lancement de la course, nous sommes en droit de penser que la journée va être longue.
Et longue, oui, elle l'a été !
Mais se sont, surtout, les facéties du vent dont nous nous souviendrons. Les habitués des fleuves et des rivières ne nous contredirons pas. S’accommoder d’un vent qui tourne dans tous les sens, ce n’est pas facile. Ce rendez-vous dominical en est un bon exemple. Sur un même bord, les croiseurs, au vent, sont au près. Tandis que les quillards, juste derrière, sont au portant avec des spis gonflés. Loin derrière, les dériveurs sont scotchés dans les trous d’air. Sur le papier, rien ne semble avoir de sens. Mais comme chaque flotte est séparée de quelque 100 à 200 mètres, on peut trouver des explications plausibles. Le tout étant d’attraper le vent quand ce dernier est à portée de voiles.


Premier départ, direction le Cercle de Voile des Boucles de la Seine
La première étape doit rallier le Cercle de Voile des Boucles de la Seine, à Montesson. Une fois n’est pas coutume, la flotte est en retard et le contournement de l’île, en aval, prend plus de temps que prévu. Il faut quasiment deux heures pour rejoindre le club qui n’est pourtant pas si loin. Le tout, dans un vent qui ne marche qu’en rafales instables et tourbillonnantes. Chez les habitables et les quillards, équipiers et barreurs naviguent sous le vent. Pas facile de s’installer confortablement, encore moins pour trouver les meilleurs réglages. Pendant ce temps, les dériveurs font bien ce qu’ils peuvent pour avancer. Néanmoins, les retournements de situation arrivent rapidement. À mesure que le vent voyage dans la flotte, cette dernière se densifie. En effet, les dériveurs rattrapent les quillards, qui rattrapent les croiseurs.


Résultats des courses ?
Un énorme paquet de bateaux arrive en un seul bloc sur la ligne d’arrivée. Le comité de course en a des sueurs froides. Sur notre bateau moteur, nous sommes bien contents de ne pas avoir à gérer les temps et les numéros de voile. C’est un tel bazar que certains manquent leur passage de ligne et perdent des places.
Au CVBS, le ponton est grand, mais pas assez. Ceux qui ont des ancres plantent sur la berge opposée. Tous rodés à l’exercice, chacun mouille parfaitement son bateau. Les voiles sont affalées et roulées. Enfin, les équipages débarquent avec leur repas. Entre débrief pour les uns et estimation de la suite pour les autres, les conversations et le temps défilent. Petit à petit, tout le monde reprend place et je rejoins mon pilote. Évidemment, jusque-là, tout allait trop bien. En effet, l’un des concurrents peine à remonter son ancre. Nous récupérons le mouillage pendant qu’il prend le départ. Avec un peu d’huile de coude, mon pilote et moi remontons un câble.


Étape deux, finis les Yvelines, bonjour le Val d'Oise
Présent quelques secondes plus tôt, le vent disparaît au moment où il faut relancer. Il est presque quinze heures quand les croiseurs prennent d’assaut la ligne de départ. La route est encore longue et mon pilote me présente les environs. Les ponts et les villes défilent. À droite, Sartrouville, à gauche, nous voilà aux abords de l’hippodrome de Maisons-Laffitte. Nous sommes à la frontière entre les Yvelines et le Val d’Oise. Un coude approche et une bouée est positionnée à son extrémité. Cette dernière doit être virée, car les éventuelles péniches ne sont pas visibles. Il faut donc sécuriser le passage des compétiteurs et cette marque est la meilleure option.
Le Neptune, Foly, entre dans les bonnes œuvres d’Éole et commence à jouer dans le vent. À la faveur d’un louvoyage maîtrisé, le voilier gagne du terrain sur ses concurrents. Très vite, le reste de la flotte disparaît de notre champ de vision. C’est à l’arrivée que le spectacle aura lieu. Le vent revient petit à petit, il tient bon et reste avec nous. Il gagne même en puissance avec le temps.


Aurions-nous trouvé la bonne zone de navigation ? Aux portes du SN La Frette ?
En milieu de flotte, les arrivées sont serrées. Tout est encore possible et certains se font griller une place sur le fil. Au fur et à mesure, tout le monde accoste au ponton de La Frette, où un goûter et des boissons fraîches attentent les concurrents.
Une fois n’est pas coutume, c’est la patience qui est de mise pour obtenir les résultats. Les discussions sont joviales et j’entends ici et là des plaintes quant au vent et son absence. Évidement, nous voudrions avoir le beurre, l’argent du beurre et … je vous laisse finir. À droite et à gauche, des amis de longue date évoquent le bonheur de se retrouver chaque week-end. Avec l’arrivée des résultats, la clameur se fait attendre à l’annonce des noms de chacun des régatiers. Personne n’est en reste et les premiers reçoivent coupes et coupons valables auprès de Paris Voile. C’est dans une belle et chaleureuse ambiance que la conclusion de la journée se présente.


Étape trois, " Bon, maintenant, il faut rentrer "
Mon pilote étant bénévole à La Frette, c’est avec Philippe et Anaïs que j’embarque sur Foly. Retour remorqué par leurs facétieux comparses du Cercle de Voile de Basse Marne, à Créteil. Nous prenons la route, dans le sens inverse. Je vis donc l’expérience au complet. Le retour est long, mais très agréable. Le soleil brille et une douce brise nous souffle un air rafraîchissant. Cette promenade au fil de l’eau nous berce et nous en profitons pour discuter. Je compte les ponts, quand le CVBS pointe le bout de son nez, nous sommes heureux de constater que la moitié du trajet est faite. Une dernière péniche croise notre route et quand l’île se présente devant nous, c’est le soulagement qui l’emporte. Avec l’apparition du Pecq, c’est la promesse d’un retour à la maison qui se profile. Il est presque 20 heures quand je pose le pied-à-terre. Après avoir donné un coup de main, ranger mon gilet de sauvetage et dit au revoir, je prends la route de la maison.


Un grand merci au Pecq et à son équipe pour le bel accueil, au CVBS et au SN La Frette pour tout.