Brouillard au Cercle de la Voile de Dennemont
C’est un brouillard dense qui plane, sur le Cercle de Voile de Dennemont, en ce dimanche matin de septembre. Les prévisions ne sont pas très optimistes. Alors, au fond de mes poches, je croise les doigts pour que le vent montre le bout de son nez.
Comme à mon habitude, je découvre le club par la petite porte. J’arrive de la gare de Mante La Jolie, après avoir pris un TER sur le fil, merci les travaux dans nos transports parisiens. Puis, c’est par le chemin de halage que je longe doucement la Seine. Au fil de mon parcours, je croise, tour à tour, joggeurs, cyclistes et marcheurs concentrés. Mais ce qui règne ici, c’est un silence très appréciable. La végétation me donne l’impression d’entrer dans un univers de conte de fées. Alors, je regarde autour de moi pour voir si je ne croise pas un lapin très pressé, avec une montre en main. Néanmoins, c’est le fleuve qui attire mon attention. Il a un peu plu cette semaine et je constate qu’il y a un petit courant, cependant rien d’alarmant, la Seine est calme.
Le Cercle de la Voile de Dennemont, un club îlien
Installé au cœur d’une ancienne guinguette, le bâtiment principal est resté dans son jus. On entre dans l’édifice comme dans un livre d’histoire. Plafond ultra haut, massive cheminée d’époque et verrière immense, je fais une plongée dans le passé. Accueillie par la présidente, Laurence Bonafous, je fais un tour du propriétaire. Cette dernière m’explique que le club doit faire face, chaque année, aux diverses crues de la Seine. Ainsi, tout l’espace de vie est déplacé sur la mezzanine au début de l’hiver.
Très vite, les régatiers arrivent et je laisse notre présidente à ses devoirs de Comité de Course. Sur le parking, j’observe la précision avec laquelle le grutage est effectué. En effet, sous la surface, il y a peu de profondeur. Cela est dû à l’obstruction du bras d’eau derrière l’île. Par conséquent, il n’y a plus assez de courant pour éviter l’envasement de la zone. Je poursuis ma route le long du ponton. Ici et là, j’écoute des bribes de conversations et entends des « Bonjour! » lancés à la volée à des amis de longue date. Au loin, les copains de l’AS Mantaise Voile arrivent paisiblement. Ces derniers sont portés par le courant et sortent de la brume fantomatique qui règne encore.

Départ retardé
Comme nous nous y attendions, le premier départ est retardé d’une bonne heure. Petit à petit, les nuages font place nette et se retirent au profit d’un très beau soleil. Ce rendez-vous dominical commence à ressembler à une belle journée d’arrière-saison. Les pulls tombent, les lunettes de soleil sont sorties et certains entament le repas de midi. Petit à petit, l’oiseau fait son nid et Éole se joint à nous, mais avec parcimonie tout de même. Tout le monde embarque et je saute dans le bateau sécurité piloté par Laurent. Avec une orientation relativement dans l’axe du plan d’eau, le vent facilite la gestion du passage des péniches.


Deux bouées, une en haut et une en bas, avec un passage obligatoire par la ligne de départ/arrivée. Ce système permet la tenue d’un classement en milieu de course, au cas où l’on ne pourrait pas la finir. Très rapidement, on remarque qui sont les équipages expérimentés, de ceux qui le sont moins. Alors, pour que la régate soit plus conviviale, Laurent n’hésite pas à donner quelques conseils aux retardataires. Pérenniser une activité passe par la transmission du savoir. Il s’agit d’une mission qui tient beaucoup à cœur à mon skipper du jour. Plutôt facétieux, aujourd’hui, notre ami Éole donne du fil à retordre, même aux meilleurs. À la fin des trois courses, le classement est systématiquement différent du précédent. Les victoires changent aussi de main à chaque fois. Enfin, sur le ponton, les premiers encouragent les derniers qui passent péniblement l’arrivée.
Le retour des champions
Pendant que nous attendons la proclamation des résultats, les voiliers de l’AS Mantaise s’en vont retrouver leur port d’attache. C’est quelques dizaines de minutes plus tard qu’ils nous reviennent. Je profite de ce petit temps pour flâner sur le parking et discuter avec les membres. Certains me font part de la longévité de leur parcours au Cercle de la Voile de Dennemont avec une grande fierté. D’autres évoquent les bons souvenirs qu’ils y ont. Notamment les jours de régates qui se terminent en soirée guinguette. Après l’annonce des résultats, chacun reçoit une boite de sardines « La Belle-Illoise » et il est temps de déguster le buffet. La star du jour, ce ne sont pas les régatiers, mais la salade de harengs. Ce classique est incontournable ici au Cercle. Une tradition, nous murmure les mûrs de l’ancienne guinguette.

Un an plus tôt
Pour l’édition 2025, la recette ne change pas. L’AS Mantaise Voile avait rendez-vous au Cercle de la Voile de Dennemont, ce dimanche sept septembre, pour la Coupe de la Seine. Les harengs, les sardines et Éole ont accompagné les onze équipages venus en découdre. Les photos prises par le Cercle témoignent de coups de gîtes sportifs et maîtrisés. La victoire finale revient à l’équipage de Toupidek. Le voilier est mené par les mains ferment et pleines de sagesse de son skipper, Martial. Ce dernier est accompagné par son équipage expérimenté, composé de Christine et Antoine. Ils reprennent la coupe à l’équipage de Renaud et Mathias, vainqueurs l’an passé sur Morlo.