Genèse d'une formation
Les grandes premières et les éditions pilotes sont devenues le véritable fil rouge de cette année 2025. Après les Flottes Partagées avec les enfants, c’est désormais au tour des adultes : la Ligue inaugure sa première session de formation pour les bénévoles.
Car sans eux, pas d’activités, pas de vie dans les clubs. Et, malgré toute leur bonne volonté, l’art de la sécurisation en navigation ne s’improvise pas. Il s’agit d’un savoir-faire indispensable, aussi bien pour les encadrants que pour les pratiquants.
Réagir avec calme à une situation complexe, repérer un bateau en difficulté, anticiper le trafic fluvial, savoir quand et comment intervenir, aborder un voilier dans les règles, ou encore se maintenir face au vent et maîtriser la conduite d’un bateau moteur : autant de compétences à acquérir pour assurer une sécurité optimale.
C’est pourquoi nous avons lancé cette première formation, afin de transmettre les bons réflexes et renforcer les savoirs de terrain.
L’objectif : permettre aux bénévoles d’être capables de répondre aux problématiques liées à la navigation. Tout en restant, eux-mêmes, en sécurité.
Première journée de formation
Nous sommes le 14 juin 2025 et cette première édition voir enfin le jour. Ils sont une dizaine à être venus de différents clubs, pour bénéficier des enseignements de nos coachs, rodés à l’exercice. La météo annoncée est à l’image de la semaine écoulée, nuages et soleil au programme. C’est au Cercle de la Voile de Seine-Port que cette journée de formation aura lieu. Sur la pelouse, nos bénévoles préparent deux 420. Puis, nous nous rendons dans la salle principale pour commencer la leçon. Rapidement, un tour de table s’amorce. Chacun se présente et présente son club et ses attentes pour la journée. Ils sont tous multi-casquette, membres du bureau, arbitres, navigants et moniteurs. Nos bénévoles officient souvent à la sécurisation de leur plan d’eau. Et ne manquent pas d’envie, ni d’énergie pour développer les activités de leurs structures respectives.


Vincent Aillaud est notre instructeur du jour. Dans un premier temps, il présente le Dispositif de Surveillance et d’Intervention et son importance. Mais aussi comment nommer le ou les Responsables Techniques Qualifiés. Par la suite, Vincent enchaîne avec les documents obligatoires que le club doit afficher à ses adhérents. La question de la sécurité sur l’eau est primordiale et chacun fait part de ses doutes sur les bonnes pratiques. Patrick Nalis présente l’application Navi. Cette dernière permet de suivre, en semi-direct, le trafic fluvial. J’en profite pour évoquer les bonnes actions dont j’ai été témoin dans d’autres structures.
Être bien préparé pour être efficace
La théorie est importante pour prendre conscience des points de vigilance. De l’équipement de son embarcation à celui du stagiaire, il faut être méticuleux dans sa préparation. Estimation de l’évolution de la météo, mais aussi connaissance du plan d’eau et de ses spécificités. Tout cela, ce sont autant de détails qui déterminent la capacité de chacun à encadrer un groupe de navigants en toute sécurité.
Cette première partie nous occupe toute la matinée et se termine par le visionnage d’une vidéo. Comment venir au secours d’un voilier dessalé en mer, avec beaucoup de vent. S’approcher en douceur et se maintenir à bonne distance pour être entendu des navigateurs. Mais pas trop près pour ne pas les mettre en danger. Demander à choquer les voiles. Mettre le bateau face à au vent ou face au courant, selon les situations et le plan d’eau. Puis remettre le voilier dans le bon sens et aider l’équipage à remonter à bord en cas de besoin. Cet apprentissage est très important, car cet après-midi, il faudra le mettre en pratique.
Après la théorie, la pratique
Nos repas disparaissent vite et nous voilà sur les embarcations. La formation se poursuit avec quatre personnes qui montent sur les 420 et le reste sur les deux bateaux sécurité. À quatre par bateau, la circulation et les échanges de postes sont un peu compliqués. Néanmoins, nous nous accommodons et Vincent lance le premier exercice.
Premier exercice, regarder la tête de mât
Il faut faire dessaler le voilier pour regarder le réa en tête de mât. Ayant déjà exécuté cet exercice avec mon propre bateau, j’explique la procédure et fais une démonstration. Faire descendre l’équipage. Puis attraper les haubans et tirer dessus, pour coucher le bateau. Le plus dur est souvent de maintenir le tout face au vent. Dès qu’il arrive sur la tranche, le voilier nous fait tourner. Pendant ce temps, le pilote, qui observe la manipulation du mât, oublie parfois de contrôler sa barre. Le point de vigilance est souligné et chacun exécute les mouvements pour prendre connaissance des sensations. Alors que le vent décide d’être un peu plus présent, j’en profite pour récupérer la barre de l’un des deux 420.Le bateau décolle rapidement et très vite, mon équipier et moi enchaînons les virements de bord. Cela pousse l’équipage en sécurité à travailler l’anticipation et la régulation de la vitesse du bateau.


Deuxième exercice, un remorquage
Cette fois, il faut demander à l’équipage de préparer le bout de remorquage, pour que le pilote l’accroche au bateau moteur. La difficulté est de maintenir une vitesse stable, pour que le barreur puisse suivre le bateau moteur correctement. Après quoi, il faut apprendre à regarder devant soi, tout en veillant sur le voilier qui est derrière. C’est là que résulte le gros du travail pour nos apprentis. Certains regardent plus souvent derrière que devant et perdent leur trajectoire. Nous dénouons le bout et passons à la personne suivante. Soudé et attentif, le groupe travaille de concert. Et chacun prend le temps d’appréhender chaque étape de l’exercice.
Fin de la formation
En milieu d’après-midi, tout le monde rentre à terre et Vincent débriefe la séance. Avec quelques dessins sur le tableau, chacun rappelle ce dont il se souvient. Aborder un bateau en douceur et au vent de ce dernier. Parler à l’équipage et expliquer les étapes à accomplir. Les informations semblent avoir fait leur chemin dans les esprits de nos bénévoles. Tandis que tous s’accorde à dire que le plus dure reste à faire, pratiquer. Vincent ajoute qu’il n’y a que comme ça que chacun prendre en confiance. Je me permets d’enchérir en disant que naviguer est aussi l’une des clés. Connaître les bateaux que l’on encadre aide à anticiper les réactions de ces derniers.

